lundi 21 novembre 2016

Histoire parallèle : 21 novembre 1916-2016 -
centenaire du décès de l'empereur François-Joseph d'Autriche-Hongrie

  Nous revenons un moment sur le calendrier de la Première Guerre mondiale avec la commémoration d'une mort particulière, non pas sur les champs de batailles, comme c'était le sort, malheureusement, de dizaines de milliers d'hommes au même moment, et parmi eux ceux qui se battaient pour défendre son trône. Il figure en tête des principaux responsables de cette gigantesque tuerie mondiale. Mais lui est décédé, dans son lit, à l'âge respectable de 86 ans, entouré des siens et dans son palais impérial de rêve, à Schönbrunn. Ce vieil homme au visage sympathique et débonnaire de gentil papy qu'on imagine faisant sauter ses petits-enfants sur ses genoux, avec ses énormes favoris et moustaches blanches, est aussi connu mondialement pour ses amours cinématographiques avec Elisabeth, princesse de Bavière, plus connue sous le surnom de "Sissi, Impératrice".

Petites armoiries de la maison de Habsbourg-Lorraine
dynastie à laquelle appartenaient les souverains
 d'Autriche puis d'Autriche-Hongrie depuis 1718.
"Tiercé en pal : de Habsbourg, d'Autriche et de
Lorraine" . Collier de l'Ordre de la Toison d'or.
Bien évidemment, la maison ancienne des Habsbourg
(d'or au lion de gueules, armé, lampassé et couronné
 d'azur) régnait elle auparavant sur le duché
d'Autriche depuis bien plus longtemps : 1218.  
François Joseph Ier - portrait conservé à la Bibliothèque
Nationale de France N-3 - Paris
Timbre commémoratif émis par la poste autrichienne en 2016,
pour le centenaire de la mort de  Kaiser Franz Joseph I.
reprenant le design d'un timbre de 1908 (voir plus bas)












 

 

 

 

François - Joseph Ier d'Autriche

(• Vienne; 1830 - † Vienne 1916)


François Joseph Charles de Habsbourg-Lorraine (Franz Joseph I. von Habsburg-Lothringen)
•  né  le 18 août 1830, à Vienne, dans le palais de Schönbrunn
•  mort le 21 novembre 1916 dans les mêmes lieux
•  Empereur d'Autriche, roi de Bohême, (de 1848 à 1916)
•  Roi de Hongrie et de Croatie (de 1867 à 1916)
•  Roi de Lombardie-Vénétie (de 1848 à 1866)
•  époux de Élisabeth Amélie Eugénie de Wittelsbach, duchesse en Bavière, surnommée "Sissi" (1837-1898).
grandes armoiries de l'Empereur François-Joseph Ier - dessinées par l'artiste héraldiste Hugo Gerard Ströhl - pour son armorial : "Oesterreichisch-Ungarische Wappenrolle" (1890)

portrait de l'empereur François-Joseph en 1873 par le
peintre autrichien Georg Raab (1821-1885)
portrait d'Elisabeth (Sissi) impératrice, en 1873,
 par le peintre autrichien Georg Raab (1821-1885)


















grandes armoiries de l'Impératrice Elisabeth de Wittelsbach - l'aigle impériale est chargée sur le cœur d'un écusson parti aux armes de Habsbourg-Lorraine et de Bavière (Wittelsbach) - réalisées par Hugo Gerard Ströhl - "Österreichisch-Ungarische Wappenrolle" (1890)

  François-Joseph n’est pas de ceux qui suscitent aisément l’enthousiasme populaire. Il était certes doué d’un physique agréable et il fut, dans sa jeunesse, un séduisant cavalier. Il ne brilla pourtant ni par ses qualités intellectuelles ni par ses dons ou sa curiosité artistiques.

médaille commémorative du mariage de François-Joseph et d'Élisabeth (1854)
  La grandeur du personnage est ailleurs : ce fut un homme de devoir, qui se considérait comme le premier serviteur de l’État et de la dynastie. Dans l’adversité, il sut montrer un courage digne d’un stoïcien. Or, sa vie privée fut une succession de tragédies : en 1867, son frère cadet, l’archiduc Maximilien, qui s’était embarqué dans l’aventure mexicaine, est fusillé par les partisans de Benito Juárez García à Querétaro ; en 1889, son fils unique, l’archiduc Rodolphe, se donnait la mort à Mayerling, dans des conditions encore mal élucidées ; en 1898, son épouse, l’impératrice Élisabeth, était assassinée par un anarchiste, à Genève ; enfin, le 28 juin 1914, son neveu, l’archiduc héritier François-Ferdinand, tombait sous les balles d’un nationaliste serbe à Sarajevo.
timbre autrichien représentant François-Joseph en 1848
émis pour son jubilé en 1908
timbre autrichien d'usage courant émis en 1858
avec le profil de François-Joseph

  L’empereur François-Joseph avait adopté un style de vie austère. Levé tôt, à 4 h du matin, il donnait sa première audience à 5 h 30 et consacrait une bonne partie de sa journée à lire et annoter des rapports. Comme Joseph II, il couchait toujours sur un lit de camp, même au milieu des fastes de Schönbrunn, dont il fit sa résidence de prédilection vers la fin de sa vie. Il était généralement vêtu d’un uniforme très simple et il eut trop souvent le comportement d’un officier de troupe. Sa ponctualité, son application lui tenaient lieu de génie.
 Château de Schönbrunn, Vienne - Autriche - construit entre 1696 et 1699, sur le modèle de Versailles
   François-Joseph demeura pendant près de soixante-dix ans (1848-1916) à la tête de la monarchie autrichienne, dans un poste qui était beaucoup plus difficile que celui de n’importe quel souverain constitutionnel de l’époque, car, en Autriche, l’empereur demeurait la clé de voûte de l’État et de la société. État multinational, l’Autriche n’existait depuis le XVIe s. que par la fidélité au souverain, l’attachement au catholicisme romain, l’armée et la bureaucratie — valeurs éminemment contestées dans l’Europe libérale du XIXe s. Or, il faut bien avouer que François-Joseph fut rarement à la hauteur des circonstances lorsqu’il eut à prendre des décisions importantes.
“Kaiser Franz Josef I. und Kaiserin Elisabeth von Österreich. Ein Jubiläumsblatt” (l'Emprereur François-Joseph Ier et l'Impératrice Élisabeth d'Autriche - feuillet d'anniversaire) -  gravure sur bois coloriée, signée  R. Schmidt -
journal illustré en allemand : "Über Land und Meer, 31. Jg, 1888/89, Nr. 9."
  Mais il avait des qualités humaines qui allaient droit au cœur de ses sujets. D’abord, sa bonhomie plaisait. Comme tous les Autrichiens, l’empereur aimait la chasse et la vie en plein air. Il passait une partie de l’été à Bad Ischl, en Haute-Autriche, où il habitait une villa sans prétention, s’habillant en costume régional, passant de longues journées dans la montagne, seul ou en compagnie de ses gardes-chasse. En revanche, François-Joseph veillait à maintenir à la Cour une vie mondaine brillante et il avait lui-même un sens trop aigu de sa dignité pour ne pas demeurer attaché à une étiquette stricte et à des cérémonies grandioses dont le faste éblouissait les Viennois.

  D’autre part, l’empereur était populaire auprès d’une grande partie de ses sujets parce qu’on le savait sincèrement attaché à la religion catholique. Il respecta certes les minorités religieuses établies dans l’Empire, et il n’eut jamais l’intention de revenir sur la législation de Joseph II en la matière. Il fut en particulier très bienveillant à l’égard des juifs, qui surent apprécier sa générosité. Mais il était, quant à lui, fervent catholique. Sa vie privée était en accord avec ses principes, et personne, en Autriche, n’a vu dans ses relations avec Mme Schratt quoi que ce soit de scandaleux ; ce serait un contresens d’y voir une liaison ; Katharina Schratt (1855-1940), actrice célèbre du Burgtheater (la première scène dramatique de la capitale), jouait le rôle d’une dame de compagnie auprès d’un homme âgé qui se sentait terriblement seul.
"petites" armoiries de l’Empire Austro-hongrois en 1867, avec écu d'armoiries des Habsbourg-Lorraine sur le cœur de l'aigle, chargé de 11 blasons représentant les provinces austro-hongroises disposés en orle  : en partant du haut à gauche :
1/ Hongrie - 2/ Galicie - 3/Basse-Autriche - 4/Salzbourg  -  5/Styrie -  6/Tyrol - 7/Carinthie et Carniole - 8/Moravie et Silésie - 9/Transylvanie - 10/Illyrie - 11/Bohême  - dessinées par Hugo Gerard Ströhl - "Österreichisch-Ungarische Wappenrolle" (1890)

  Mais, si l’homme privé était irréprochable, il faut bien avouer que l’empereur n’avait pas l’envergure d’un homme d’État. À force de médiocrité laborieuse, il ne fut jamais que le premier bureaucrate de son empire. Monté sur le trône dans des circonstances difficiles, il fut toujours profondément conservateur et se méfia, toute sa vie durant, du libéralisme bourgeois. On sait qu’il fut choisi, en 1848, par l’aristocratie conservatrice, qui, avec le concours de l’armée, avait peu à peu rétabli l’ordre en Bohême, en Italie et à Vienne. Félix von Schwarzenberg (1800-1852), chef du gouvernement, avait en effet « conseillé » à l’empereur Ferdinand Ier le Débonnaire d’abdiquer en faveur de son neveu François-Joseph, dont le père, l’archiduc François-Charles, fut ainsi évincé de la succession.

Au début de son règne, le jeune souverain (il avait dix-huit ans en 1848) fut soumis à l’influence de sa mère, l’archiduchesse Sophie, et de son président du Conseil, le prince Schwarzenberg, qui l’engagèrent dans une politique résolument néo-absolutiste. Après les défaites en Italie (1859) et devant la Prusse (1866), il dut procéder à des révisions déchirantes, sans se rallier véritablement à des solutions libérales.
timbre autrichien représentant François-Joseph en 1878
émis pour son jubilé en 1908
timbre autrichien d'usage courant émis en 1899
avec le profil de François-Joseph

Il était convaincu que les seuls liens unissant les différentes nationalités de la monarchie demeuraient la dynastie et l’armée, dans la mesure où cette dernière était attachée à la maison d’Autriche en général et à son chef en particulier. Pourtant, sa devise Viribus unitis montre qu’il ne refusait pas d’associer ses peuples au gouvernement. Jusqu’à la fin de sa vie, il collabora loyalement avec un Parlement élu d’abord au suffrage censitaire, puis, après 1907, au suffrage universel. Mais, du moins en Cisleithanie (partie non hongroise de l’Empire après 1867), aucun président du Conseil n’était une émanation pure et simple du Conseil d’Empire, car il était nommé par l’empereur, dont il avait la confiance, ce qui ne l’empêchait pas d’avoir une majorité au Parlement. En Hongrie, après le compromis de 1867, la vie parlementaire était beaucoup plus active, et le président du Conseil était vraiment l’élu de la majorité. François-Joseph n’est intervenu qu’une fois, en 1905 ; lorsqu’il crut l’unité de la monarchie compromise, il nomma un soldat, le baron Géza Fejérváry (1833-1914), président du Conseil, contre la volonté des Hongrois. Ce cabinet démissionna d’ailleurs l’année suivante.
pièce en or de 10 couronnes,  date 1898 - portrait en pied de François-Joseph comme roi de Hongrie et armoiries de Hongrie
pièce en or de 20 couronnes,  date 1900 - profil de l'empereur François-Joseph et armoiries d'Autriche
carte postale autrichienne vers 1900  avec le portrait de l'empereur François-Joseph encadré par les armoiries d'Autriche à gauche
 et de Hongrie à droite et les blasons de 19 provinces d'Autriche-Hongrie : de gauche à droite et de haut en bas :
1/Carinthie - 2/Vorarlberg - 3/Silésie - 4/Basse-Autriche - 5/Haute-Autriche - 6/Galicie - 7/Dalmatie - 8/Moravie
9/Trieste -   10/Transylvanie  -  11/Carniole  -   ⎕   -   12/Bucovine   -  13/Croatie  -   14/Tyrol
     15/ Styrie    -                   AUTRICHE - ⎕ - HONGRIE                  -          16/Istrie
               17/Salzbourg     -          18/Görz et Gradiska             -            19/Bohême

cette carte vous permettra de situer les différentes provinces et leur capitales,
 avec leur noms allemands d'époque - cliquer sur l'image pour l'agrandir
La dynastie, l’État, l’armée, telles étaient les valeurs fondamentales sur lesquelles il croyait devoir s’appuyer. Mais, dans la question des nationalités, il n’était pas, semble-t-il, vraiment impartial, contrairement à l’attitude adoptée par les Habsbourg jusqu’à Marie-Thérèse. Il se considérait avant tout comme un prince allemand et il avait surtout confiance dans les cadres allemands de l’armée et de l’administration. Après 1870, il ajourna toute réforme sérieuse des structures de la monarchie plutôt que de faire tort à l’élément germanique. Pendant près d’un demi-siècle, sa politique semble avoir consisté à maintenir ce qui existait, par peur du changement, à une époque où des réformes imposées d’en haut auraient pu donner satisfaction aux nationalités et sauver l’État multinational.
timbre autrichien représentant François-Joseph
émis pour son jubilé en 1908
timbre autrichien représentant François-Joseph
émis pour son jubilé en 1908, modèle de celui de 2016 

D’autre part, il est certain que François-Joseph porte une très lourde responsabilité dans le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Le 28 juillet 1914, c'est  le drame : l'assassinat à Sarajevo, de son neveu et premier héritier par ordre successoral, l'archiduc François-Ferdinand et de sa femme Sophie. Il ne sait pas à ce moment que le pire est à venir. Il signe la déclaration de guerre à la Serbie, bien que conscient de l'engrenage des alliances qui va plonger l'Europe dans un conflit général de quatre longues années.

Au bout d'un an, comme la guerre s'enlise, l'empereur songe à une paix de compromis. Il craint avec raison que la poursuite du conflit ne soit fatale à l'Autriche-Hongrie. Le 9 octobre 1915, il délègue son petit-neveu et héritier, l'archiduc Charles, fils de l'archiduc Otto et neveu de feu François-Ferdinand, auprès du Kaiser allemand Guillaume II.

François-Joseph réalise à cette occasion que son allié n'est pas prêt le moins du monde à arrêter les hostilités. Son successeur, le jeune Charles Ier de Habsbourg-Lorraine, ne va pas mieux que lui réussir à restaurer la paix.
source texte :  www.larousse.fr/archives/grande-encyclopedie/

Charles Ier d'Autriche (1887-1922) est le successeur, à 29 ans de son
grand-oncle François-Joseph Ier. Il sera le dernier empereur d'Autriche
et le dernier roi apostolique de Hongrie, et ce jusqu'à ce jour.
Il régnera du 22 novembre 1916 au 12 novembre 1918.
portrait fait en 1917 par Theodor Mayerhofer (1855-1941)








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